Les déclarations du député RN de l’Aude Frédéric Falcon dans lesquelles il assure que 60 % des passoires énergétiques ne connaissent pas une amélioration de leur performance énergétique après travaux, suscitent des controverses. Une telle affirmation mérite donc d’être minutieusement examinée pour rétablir la vérité des faits.
L’analyse révèle que le député a fait une surinterprétation d’un rapport de la Cour des comptes sur « le soutien aux logements face aux évolutions climatiques et au vieillissement de la population ». En effet, dans ce rapport, la cour mentionne les logements rénovés grâce au dispositif MaPrimeRénov’ Sérénité, programme visant principalement la rénovation des bâtiments classés F ou G. Elle explique par la suite que 20 % de ces logements après travaux demeurent des passoires contre 41 % qui n’atteignent que l’étiquette E. Frédéric Falcon a donc additionné ces chiffres pour en arriver à celui de 60 %. Cependant, les logements étiquetés E ne sont pas encore considérés comme des passoires, rendant ainsi erronée son addition.
Le programme MaPrimeRénov’ ayant considérablement évolué en 2024, ce rapport de la Cour des comptes publié en 2023 avec des chiffres des années précédentes n’est plus d’actualité. En effet, le nouveau dispositif de rénovation d’ampleur impose désormais un gain minimum de deux étiquettes énergétiques, une condition incontournable pour bénéficier des aides. Autrement dit, pour bénéficier de l’aide de l’État, le propriétaire d’un logement classé G doit entreprendre des travaux qui le feront passer E au minimum. Il est donc impossible qu’un logement rénové avec ce dispositif demeure une passoire thermique, contrairement aux affirmations du député. Par ailleurs, en 2024, 91 000 projets de rénovation d’ampleur ont été financés par l’Agence nationale de l’habitat (Anah), dont 75 % concernent des logements classés F ou G qui feront “une sortie de passoire”.
Malgré ces avancées, il n’existe pas un système du suivi national exhaustif de toutes les rénovations, y compris celles réalisées sans l’aide de l’État. Il n’est alors pas évident de faire une affirmation aussi globale que celle de Frédéric Falcon. Néanmoins, la seule certitude est que le nombre de passoires thermiques diminue. Il s’observe donc, selon l’observatoire national de la rénovation énergétique, une diminution encourageante de 11 % du nombre de passoires énergétiques entre 2023 et 2024.